par @FrancoisChe
« Frères de Sang » : le plus grand docu de l'histoire du basket européen

Fans de basket FIBA (hors NBA) ou pas, ce documentaire - une véritable pièce à conviction - est pour vous. Après tout, si vous êtes curieux, ne vous abstenez pas car ce que vous allez voir dépasse largement le cadre basket.
La chaîne américaine ESPN a proposé à Vlade Divac, légende vivante du basket serbe de revenir sur son incroyable carrière. Le géant serbe s'occupe de tout et n'oublie aucun sujet. La sélection yougoslave, son départ pour les Lakers de Magic Johnson, le déchirement de la guerre de Bosnie et sa relation brisée avec Drazen Petrovic. Un documentaire pa-ssio-nnant en 6 actes. Contrairement à ce que beaucoup de kids gavés de culture US pensent, le basket-ball est un sport global qui ne se résume pas au port du brassard antitranspirant signé Jordan Brand.
Le régime Drazen Petrovic : 112 points dans un match et 500 shoots réussis par jour
Il ne s'agit pas de remettre en question la suprématie nord américaine dans un sport qu'ils ont inventé à la fin du XIXème siècle via un docteur canadien, James Naismith. Juste de bien saisir qu'une jeune génération de basketteurs d'origine yougoslave a profondément révolutionné le jeu européen (et mondial) vers la fin des années 80 et qu'ils ont été interrompu dans leur quête pour des raisons extra-sportives.
Le savoir-faire de David Stern a permis à la NBA d'obtenir une couverture médiatique largement supérieure à celle du basket européen et de générer des stars incontournables, au détriment le plus souvent du vieux continent. En bon VRP, il vend du produit NBA qui tendra plus tard vers la globalisation du jeu et des joueurs, un concept auquel il était - au départ - hermétique. Il aura fallu que les américains prennent une grosse fessée sur leur propre territoire aux Championnats du Monde 2002 pour saisir qu'ils n'étaient plus les seuls maitres à bord et que des pionniers tels Divac et Petrovic montrent la voie au début des 90'. Aujourd'hui, Dirk Nowitski et Tony Parker ont été respectivement élus MVP de la saison régulière (pour l'allemand) et des NBA Finals (pour le français). Il fut un temps ou l'européen n'était pas considéré dans la grande ligue US. Ce temps là est révolu.
Drazen Petrovic, le Mozart du basket croate © nba.com/blazers
Ces noms qui comptent triple au scrabble ne vous diront sans doute rien, si vous n'êtes pas un minimum initié, pourtant il s'agit de la dream team des balkans : Vlade Divac, Drazen Petrovic, Tony Kukoc, Dino Radja, Zarko Paspalj, Yuri Zdovc (ces deux derniers joueurs, bien connus des fans du CSP Limoges)... Petit précis de géopolitique basket.
La Dream Team des Balkans
En 1988 et avant que la guerre de Bosnie n'éclate en 1992, ces joueurs portent les couleurs de la Yougoslavie unifiée (Croatie, Slovénie, Monténégro, Serbie, Bosnie, Macédoine) et martyrisent toute l'Europe du basket. Leur jeu basé sur les fondamentaux et un QI basket très élevé font de chaque match un colloque. Dans leur team, des talents à tous les postes mais s'il fallait ne retenir qu'un seul nom il s'agirait de Drazen Petrovic, surnommé Mozart par les croates. Pour vous situer le personnage, ce surdoué a démarré en équipe première à 15 ans dans son club de Sibenik (sa ville natale). Il scora un jour 112 points (!!!) dans un match de championnat yougoslave et remporta à peu près tous les titres continentaux avant de souffler ses 20 bougies. Sa vie était dédiée au basket. Capable d'être à la salle dès 6h du mat' pour enchaîner les séries de 500 shoots, il fut le charismatique leader de toutes les équipes dans lesquelles il a joué. Il récitait sa partition. Il fut logiquement la première star européenne à réussir en NBA aux New Jersey Nets avant de disparaitre subitement dans un accident tragique lors de l'été 1993.
Après une médaille d'argent aux JO de Séoul 88 et un titre de Champion du Monde 90 en Argentine, cette sélection de joueurs mythiques fut malheureusement stoppée dans son élan par la guerre de Bosnie. Le pays en ressort divisé et la Yougoslavie (future Serbie Monténégro, puis Serbie, suite à l'indépendance du Monténégro, en 2006) ne participera pas aux JO de Barcelone, à la différence de la Croatie, dont la présence fut validée par le CIO. L'équipe de Petrovic se hissa jusqu'en finale. Le choc de titans face à la Dream Team NBA n'aura jamais lieu. Un malheur incommensurable pour tous les fans de basket européen.
Le docu en intégralité
Cet article a été publié pour la 1ère fois le 21 novembre 2010.